Guitariste discret mais exceptionnel, compositeur repris par les plus grands, chanteur nonchalant et père du Tulsa sound, J. J. Cale s’est éteint le 26 juillet à l’âge de 74 ans.

C?est une crise cardiaque qui a emporté J. J. Cale, ce musicien au grand c?ur, qui n?a pas passé minuit vendredi 26 juillet. Entre country, blues, rock et soul, cet artiste de l'ombre a su instiller dans la mémoire commune quelques morceaux incontournables de l?histoire de la musique en général et de la guitare en particulier.

Né en 1938, John Weldon Cale grandit dans l?Oklahoma en écoutant tour à tour jazz, blues, swing et rockabilly, influences qui forment ce qu?on appelle le Tulsa sound et qui se retrouveront toutes dans son propre style. Ayant appris à jouer de la guitare, il commence à écumer les bars et les clubs avec quelques groupes, puis commence à composer ses propres chansons. Ainsi, c?est âgé d?une vingtaine d?années à peine qu?il enregistre son tout premier single, Shock Hop & Sneaky. Mais il continue à se rêver compositeur.

C?est finalement le pianiste Leon Russel qui le convainc de de le rejoindre à Los Angeles (Californie) en 1964. Cale découvre alors des techniques d'enregistrement, participe à diverses séances comme guitariste, monte des petits groupes ou se produit seul ; il sort aussi quelques 45-tours, qui rencontrent peu de succès, mais comportent déjà des morceaux destinés à un avenir plus glorieux, comme After Midnight. C?est d?ailleurs par hasard que J. J. Cale entend cette chanson reprise par nul autre qu?Eric Clapton, star de la guitare s?il en est. Cette version est un véritable tube, ce qui pousse les producteurs à enregistrer le premier album de J. J. Cale : Naturally. Suivi de près par Really, il est le premier d?une série de seize albums studios, dont la merveille Troubadour, sur lequel figure la chanson Cocaine, qui, reprise en 1977 par Clapton (encore lui), devient culte.

J. J. Cale acquiert ainsi progressivement sa propre notoriété, dans l?ombre du grand Clapton, et auprès d?un public restreint mais fervent. Cette notoriété lui permet de poursuivre une carrière musicale au rythme tranquille mais sans heurt, et surtout sans concessions. Cale est reconnaissable grâce à son style de guitariste « laid back » (un jeu décontracté, avec un placement légèrement en arrière du tempo). Il n?a pas peur de déplaire : s?il est critiqué par certains, ce jeu devient en quelque sorte sa marque de fabrique.

Fuyant les feux des projecteurs, Cale reste discret tout au long de sa vie. Travaillant minutieusement sur chaque album, il ne se produit que rarement sur scène et n?apparaît que rarement sur les pochettes de ses albums. Discret, mais pas reclus : très soucieux de la qualité technique des enregistrements de ses chansons, il se tient au courant des innovations pour les appliquer à sa musique, qu?il compose et arrange en perfectionniste.

Clapton, mais aussi Neil Young, les membres des Dire Straits et bien d?autres ont vu juste en saluant en J. J. Cale une force tranquille de la guitare, un artiste moins connu que ses chansons, mais, pour ceux qui le connaissent, un véritable « guitar hero ».

JJ Cale, Eric Clapton (After Midnight & Call me the Breeze)

Ant Varandonis

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