Du 10 au 14 juin, le premier Focus de musique contemporaine organisé par l’Institut français se tiendra dans divers lieux parisiens. Partenaire de l'événement, Qobuz a profité de cette occasion pour interroger Anne Tallineau, Directrice générale déléguée de l’Institut français.

Répandre et faire briller la culture française à travers le monde, telle est l’honorable mission de l’Institut français. Depuis sa nomination en 2014 en tant que Directrice générale déléguée de cet établissement public, Anne Tallineau veille à ce que les talents made in France s’exportent et soient reconnus à l’international. Voyant dans le festival annuel Manifeste organisé par l’IRCAM une occasion en or pour mettre en valeur la culture francophone, l’Institut français a décidé d’organiser pour la première fois cette année un Focus consacré à la musique contemporaine. A cette occasion, 54 professionnels issus d’une trentaine de pays seront conviés dans la capitale afin d’y découvrir la création musicale française dans toute sa richesse et sa diversité. Anne Tallineau apporte plus de précisions sur cet évènement ainsi que sur le rôle de l’Institut français.

Quelle est la mission de l’Institut français dans le domaine musical ?

Anne Tallineau : L’Institut français est en charge du rayonnement de la culture française dans le monde. Son périmètre d’action couvre tout autant les champs des arts visuels que les arts de la scène, en passant par le cinéma ou le livre. Le secteur des musiques (musiques actuelles, jazz, musique classique et contemporaine) tient une place très importante au sein de notre institution. L’Institut français apporte son soutien à la diffusion des artistes, pour développer leur présence sur la scène internationale auprès de nouveaux publics et marchés. Nous participons ainsi à la promotion de la scène musicale française à l’étranger avec une priorité donnée à la scène émergente. Nous accompagnons également des projets de coopération artistique qui peuvent donner lieu à des collaborations pluridisciplinaires : musique et cinéma, musique et culture numérique, musique et langue française. Outre les soutiens aux tournées, nous facilitons aussi la présence des artistes dans les grandes manifestations musicales et les festivals prescripteurs à travers le monde. Notre action dans le domaine des musiques classique et contemporaine répond aux enjeux spécifiques du secteur. Plus que des œuvres, les artistes français véhiculent un style et un son qui n’existent nulle part ailleurs. Leur savoir-faire, qu’il soit stylistique, ou technologique, est très recherché par les programmateurs étrangers. Si la visibilité des artistes français de musique classique et contemporaine est déjà bien établie en Asie, en Amérique latine ou en Europe qui sont de véritables terres de tournée, aujourd’hui l’enjeu est d’étendre cette présence en Amérique du Nord.

Comment est née l’idée du FOCUS consacré à la musique contemporaine ?

Au sein de toutes les actions menées par l’Institut français, les FOCUS, que nous organisons en partenariat avec le Ministère de la Culture et de la Communication, permettent aux professionnels étrangers de découvrir des artistes français dans divers champs de la création. Articulés autour d’une manifestation prescriptrice, ce sont des moments de rencontres privilégiées entre des artistes français et des structures culturelles étrangères, permettant de fédérer l’ensemble des acteurs, et dont l’esprit est de favoriser des collaborations artistiques, sous quelque forme que ce soit : coproductions, co-commissariat etc. En juin 2015, nous organiserons le premier FOCUS dédié à la musique contemporaine, à l’occasion du Festival ManiFeste organisé par l’IRCAM. En collaboration avec ce festival mondialement renommé et emblématique du genre, nous présentons à une cinquantaine de professionnels étrangers (programmateurs, directeurs artistiques de salles et/ou de festivals) une cartographie de la musique française d’aujourd’hui, avec des propositions appartenant à différentes esthétiques et différentes formes d’écritures. La venue de ces professionnels est rendue possible grâce au soutien des bourses de mobilité mises en place par les ambassades de France à l’étranger.

Comment avez-vous construit la programmation musicale de cette première édition qui se déroulera du 10 au 14 juin ?

Au-delà du festival Manifeste sur lequel nous avons choisi d’appuyer l’organisation de ce FOCUS, nous avons associé bien sûr les principaux partenaires professionnels du secteur français de la musique contemporaine, notamment le réseau Futurs Composés, mais aussi le Ministère de la Culture et de la Communication, la SACEM, la Ville de Paris et un certain nombre de salles du Grand Paris actives dans la programmation de musique contemporaine. Tous ces acteurs seront présents dès le 11 juin à l’occasion de tables rondes permettant aux invités étrangers de se familiariser avec le secteur français de la musique contemporaine. Le 12 juin au Carreau du Temple, à l’occasion des showcases organisés avec la SACEM et Futurs composés, les professionnels découvriront des créations de compositeurs émergents. Puis nous les emmènerons au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris le 13 juin, pour auditionner de jeunes interprètes.Tout au long du FOCUS, les programmateurs étrangers seront conviés à des rencontres professionnelles et des speedmeetings organisés en partenariat avec l’ONDA, Futurs Composés, la Fevis et le Bureau export. Les participants du FOCUS auront également l’opportunité de découvrir les studios de l’Ircam, ainsi que de nombreuses créations réalisées par les compositeurs en résidence dans les six Centres Nationaux de Création Musicale.Cet événement prend toute sa pertinence et tout son sens car il est construit, à l’initiative de l’Institut français, en collaboration avec les principaux acteurs du secteur.

Comment une institution publique comme l’Institut français travaille avec le réseau artistique pour soutenir la création contemporaine et sa diffusion en France comme à l'étranger ?

Notre mission de diffusion des œuvres contemporaines n’a de sens que si elle va de pair avec l’établissement de liens artistiques durables, qui déterminent pour les artistes français la possibilité d’être réinvités. L’Institut français a développé les opérations de visibilité intitulées Sounds French sur le continent américain, et son équivalent italien Suona francese, afin de faire connaître des compositeurs et des répertoires encore peu joués hors de France. L’apport des artistes français en matière de style et d’interprétation est très recherché par les partenaires étrangers. L’Institut français s’attache à accompagner les projets collaboratifs autour de ces nouveaux répertoires tant dans leur dimension technologique qu’artistique. Nous accompagnons ainsi les initiatives des acteurs importants de la création comme le Forum hors-les-murs de l’IRCAM, dont la première édition s’est tenue à Séoul en 2014, et qui se poursuivra à Sao Paulo en 2015, mais aussi les projets de coopération comme celui qui a réuni l’Ensemble Cairn de Jérôme Combier et le KNM de Berlin autour d’un répertoire français. Nous contribuons également au financement de trois fonds bilatéraux de soutien à la création contemporaine (Diaphonique au Royaume-Uni, Impuls en Allemagne et FACE aux Etats-Unis). Une part importante du soutien apporté réside dans la mise en relation que nous rendons possible entre les acteurs-clés d’un territoire et les artistes français.

A titre personnel, quel est le concert que vous attendez avec le plus d’impatience ?

J’ai hâte de découvrir Les Bacchantes de Georgia Spiropoulos. Cette compositrice écrit magnifiquement pour la voix, nul doute que le vocaliste Médéric Collignon saura incarner avec justesse toutes les figures tourmentées de la tragédie antique. J’attends également avec beaucoup d’impatience les showcases du 12 juin notamment l’ensemble Hope, les Cris de Paris ou le sonneur de cornemuse Erwan Keravec.

La page du Focus musique contemporaine

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