Toujours à l'avant-garde, le jeune rappeur californien s'éloigne des clichés du genre...

Avec Hell Can Wait, puissant et poisseux sept titres de hip hop sombre et totalement live from la street paru en 2014, Vince Staples montrait, d’entrée de jeu, qu’il était dans le clan des futures stars narrant à la perfection le quotidien des hors-la-loi. Huit mois plus tard, Summertime '06, son premier album qui confirmera cette impression, comptera parmi les meilleurs disques de rap de 2015. Au cœur de l’été qui suit, Staples enfonce le clou avec le EP Prima Donna, sept nouveaux instantanés ultra-sombres de sa Cité des Anges (mais pas que…) au cœur desquels son flow et sa plume brillaient à chaque instant. Un EP qui montrait surtout que le rappeur savait se renouveler, conviant même le Britannique James Blake sur deux titres...

Ces dernières années, la Californie du gangsta rap et de ses dérivées offre un casting joliment renouvelé (de Kendrick Lamar à Schoolboy Q, en passant par YG ou bien encore DJ Mustard, la palette est stylistiquement large) alors que les ingrédients de base restent pourtant les mêmes (dope, flingues, cul, picole, chômage). A sa manière, Vince Staples réinterprète tous ces codes rabâchés, leur donnant une modernité inédite. La rue a beau rester la même, ses acteurs savent se renouveler. Avec Big Fish Theory qui vient de paraître et irradie l’été 2017, le MC de Long Beach offre tout sauf une resucée de Summertime ‘06. Comme un prolongement voire un développement de Prima Donna plutôt.

Ce deuxième album aux sonorités ovni navigue dans des eaux électro assumées. Des sonorités minimalistes lorgnant parfois vers la techno originelle de Detroit. Épaulé par des bidouilleurs bien typés (Zack Sekoff, SOPHIE, Jimmy Edgar, GTA et même Flume !), Vince Staples embarque son story telling bien à lui dans les méandres d’architectures sonores inédites. Sur Alyssa Interlude, il balance une interview de son idole Amy Winehouse qu’il habille d’un sample d’I Wish It Would Rain des Temptations. Plus loin, Damon Albarn vient promener sa voix sur Love Can Be… tandis que Justin Vernon de Bon Iver prête sa plume pour Crabs In A Bucket. Big Fish Theory regorge de ce genre de choses plus ou moins inattendues. Comme lorsque sur Homage, Staples plonge dans le 100% clubbing. Evidemment, le disque comprend d’autres prestigieux featurings moins surprenants : A$AP Rocky sur SAMO, Ray J, Ty Dolla Sign, Kučka, Juicy J sur Big Fish, Kilo Kish, sans oublier l’incontournable Kendrick Lamar sur Yeah Right. Mais on sort stupéfait de cette orgie d’idées que Vince Staples réussit à canaliser et ordonner. En cela, Big Fish Theory n’est pas le joujou d’un enfant gâté mais bien le brillant manifeste d’un artiste qui ne se soucie guère des conventions du genre et crée ses propres règles.

Vince Staples - Rain Come Down

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Vince Staples - Big Fish (Official Video)

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