Pas de direct du Philharmonique pendant quelques semaines, pour cause de tournée au Festival de Pâques à Baden-Baden : faisons donc un tour dans les archives de la Salle de concerts numérique tout en rendant hommage à Harnoncourt disparu voici quelques jours

Le 29 octobre 2011 : ce devait être là le dernier concert avec le Philharmonique de Berlin que devait diriger le grand iconoclaste autrichien que fut Nikolaus Harnoncourt (il avait prévu de revenir en décembre 2013 pour les Scènes de Faust de Schumann mais dut hélas se faire remplacer) ; il apparaissait là pour offrir une confrontation des plus fascinantes entre la tradition défendue (du moins à l’époque de Karajan, beaucoup moins de nos jours) par la fameuse phalange berlinoise et la vision révolutionnaire du chef viennois. On se souvient de son extraordinaire série des neuf symphonies enregistrées voici déjà un quart de siècle avec le Chamber Orchestra of Europe, un véritable tremblement de terre dans le monde beethovenien. En ce mois d'octobre 2011 aussi, il sut faire exploser la Cinquième avec le Philharmonique. Pour ceux qui n'eurent pas l'occasion de voir ce concert en direct, il est toujours possible de le déguster dans la Salle de concerts numérique du Philharmonique de Berlin du côté des phénoménales archives, disponibles à tout abonné, à n’importe quel moment – on n’a pas la magie du direct, certes, mais maintenant que Harnoncourt n'est plus de ce monde...

En complément de programme, Harnoncourt avait choisi la bien trop rare Messe en ut majeur de Beethoven, un ouvrage de 1807 écrit à la demande du prince Esterházy. Pour Beethoven, la tâche était périlleuse : il s’agissait de marcher dans les pas de Haydn (encore vivant à l’époque), le compositeur-fétiche du prince, et surtout le compositeur de plusieurs messes qui avaient fait date à la fin du XVIIIe siècle. Beethoven fit part de ses craintes au prince : « Je vous remettrai la messe avec considérable appréhension, car vous avez l’habitude de vous faire jouer les incomparables chefs-d’œuvre de Haydn. » Il avait vu juste ; après la création le 13 septembre 1807, le prince écrivit à un ami : « La musique de Beethoven est insupportablement ridicule et détestable ; je ne suis pas persuadé qu’elle pourra jamais être jouée correctement. Je suis en colère et très honteux. » Erreur, cher prince Esterházy : la musique de Beethoven fut jouée bien plus que correctement ce samedi 29 octobre 2011, par rien moins que Johann Nikolaus, comte de La Fontaine et d’Harnoncourt-Unverzagt, plus connu sous le nom de Nikolaus Harnoncourt. Et ce descendant direct des empereurs du Saint-Empire a rendu ses lettres de noblesse à la magnifique Messe en ut majeur, qui n’a rien à envier à la Missa Solemnis en termes de réussite musicale.

La saison complète 2015-2016, sujette à d'éventuelles petites modifications dont nous vous tiendrons informés au jour le jour

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Les archives de la Salle de concerts numérique, soit bien plus de 400 concerts à ce jour.

NOUVEAU dans les archives : Les concerts de Karajan