A la veille de voir revenir Atys à l'Opéra-Comique et sur d'autres scènes, on s'attendrait logiquement que l'œuvre, qui n'a fait l’objet que de deux enregistrements, soit disponible en téléchargement. Il n'en est rien, hélas.

L'enregistrement mythique Harmonia Mundi de Atys par William Christie - on emploie ici le mot mythique car il figure parmi les plus célèbres de l'histoire du disque, publie par Harmonia Mundi sous la baguette de Christie il y a une trentaine d'années - est disponible en CD mais pas en téléchargement. La maison de disques affirme n'y être pour rien, et devoir recevoir pour raisons contractuelles l'autorisation de l'artiste pour pouvoir publier en numérique.

Contactée, l'administration des Arts Flo n'a pas daigné nous répondre. Aucune raison au monde, pas même un regard critique que Christie porterait sur son travail d'il y a trente ans n'est recevable. L’œuvre a sans doute évolué dans l’esprit et la réalisation du chef mais interdire l’accès à son audition, particulièrement pour les jeunes, enclins à la musique numérique, est une absurdité : s'il s’agit d’interdire l’accès au patrimoine historique que ce document constitue c’est une action bien peu respectueuse de la musicologie et des jeunes générations. Ou alors s'agirait-il de cupidité ? On annonce en effet la parution d’un DVD du prochain spectacle.

Deuxième enregistrement de l’œuvre, paru il y a moins d'un an dans un micro- label : Musique à la Chabotterie, émanation du Conseil Général de Vendée. Là aussi, multiples interrogations de tous sens, le chef, Hugo Reyne, désolé, dit ne pas comprendre l’absence de réaction du label et des quelques fonctionnaires vendéens qui semblent plus ou moins en charge. Toujours rien. Le disque existe, mais n’est pas disponible sur aucune plateforme de musique légale.

Concluons :

- Bien sûr, ces deux enregistrements sont disponibles tous deux en P2P et sur des sites d’upload. On ne donnera pas l’adresse mais ce n’est pas l’envie qui nous manque…

- Rien en musique ne se fait dans ce pays, que ce soit par des subventions de fonctionnement ou par le subventionnement des salles et structures d'accueil, sans les subsides de l'Etat et des collectivités locales. A l’évidence ces deux enregistrements ont aussi été réalisés avec de l’argent public qui va la pour des raisons de patrimoines.

L’action de quelques personnes qui ont reçu cet argent pour créer et travailler bloque aujourd'hui la diffusion culturelle de cette œuvre, et sa diffusion aux jeunes générations.

Situation absolument ridicule, qui montre que la phonographie est un sujet trop sérieux pour être confié à des musiciens rendus à eux-mêmes, fussent-ils glorieux et vénérables, ou à un Conseil Général !

Yves Riesel